Tsuyoshi Maekawa (né en 1936) a été l’un des membres majeurs du Gutai, mouvement collectif d’avant-garde d’après-guerre. Ce groupe d’artistes, actif au Japon entre 1954-1972, se servait de matériaux industriels et de la vie quotidienne pour produire des œuvres expressives, appelant à une grande mobilité du corps, à une performance artistique dans le sens de l’action et du geste. Maekawa fut inclus dans la 8ème exposition Gutai au musée d’art de Kyoto en 1959 et devint le protégé du fondateur du mouvement, Jiro Yoshihara.
La première exposition solo de Maekawa eut lieu en 1963, à la Pinacothèque d’Osaka. Jusqu’à la mort de Yoshihara, Maekawa fut présent avec une grande fidélité à tous les événements Gutai. Maekawa, avec deux autres artistes, Shuji Mukai et Takesada Matsutani – le groupe des 3M en raison de leurs initiales – constituèrent le cœur de la seconde génération du Gutai qui introduisit des matériaux de la vie domestique pour transcender les limites des medium utilisés dans la peinture classique.
Pour créer l’œuvre présentée aujourd’hui, Maekawa s’est servi de morceaux de toile de jute (textile utilisé pour la confection de sacs de riz) sur la toile, il a ensuite coupé, cousu, et plié ce même matériau. Il a ensuite versé de la peinture émail sur la surface, laissant libre cours à son intuition créative et produisant ainsi cette forme abstraite qui transcende l’idée de platitude, souvent associée avec la peinture traditionnelle. La texture de la toile de jute est visible sous la peinture tandis que de fines lignes de peinture blanche produisent une sensation d’écoulement linéaire. Cette œuvre fut créée en 1962, date clé dans la vie de Maekawa puisque c’est à cette date qu’il se joignit au mouvement Gutai dans la région du Kansai. Le titre de cette œuvre, Two Junctions, quoique énigmatique peut faire référence à cette jonction des deux medium que sont la peinture et le textile mais aussi peut faire référence aux deux formes qui se démarquent dans la composition (la forme bleue encastrant la forme marron) ou encore à la notion de jonction entre œuvre traditionnelle et apports esthétiques du Gutai.
-Article rédigé par Tony-