Interview de Charles Martinet – les coulisses

Obtenir l’interview de Charles Martinet fut pour moi une tâche de longue haleine (plus de 2 ans) et je trouvais intéressant de partager avec vous la démarche mais aussi les obstacles qui peuvent se dresser face à vous lorsque vous êtes un petit blog sans prétention comme le mien.

Petite remise en perspective, à l’origine Taikenban est un fanzine issu d’un forum et j’avais initié au sein de celui-ci une petite rubrique interview. A ma grande surprise beaucoup d’intervenants du milieu JV ont gentiment accepté de participer et je les en remercie chaudement (Florent Gorges, Cyril Drevet, Frederick Raynal et tous les autres merci!). Bien sûr le pourcentage d’acceptation est ridicule, bien souvent je n’obtenais aucune réponse, parfois un oui timide qui finalement n’aboutissait pas.

En 2015, l’idée saugrenue de m’attaquer à l’interview de Charles Martinet m’a traversé l’esprit. Il faut être honnête, les blogs « amateurs », le mien le premier, porte bien leur nom. Audience faible, aucun réseau, pas de moyen, si ce n’est la passion,la motivation et l’envie de partager. Comme Jean Claude Duss, j’oubliais que je n’avais aucune chance, sur un malentendu… Par le plus grand des hasards, je tombe sur ce qui pourrait être l’email perso de Charles Martinet. Crédule, j’envoie un mail plein de timidité en me disant qu’au pire j’importunerai un autre Charles perdu au milieu de la Pampa. Quelques jours plus tard je reçois une réponse..HERE WE GO!!!!! C’est bien Charles Martinet qui accepte de plus de faire cette interview.

Je lui fais parvenir ma dizaine de questions, orienté sur l’homme lui même plutôt que son travail au sein de Nintendo. En effet, il y a de fortes chances que l’on touche ici au confidentiel et donc que cela soit difficilement questionable. D’autant plus que je n’ai aucune légitimité (comprendre caractère officiel) dans le milieu.

Et c’est là que les ennuis débutent.

Charles Martinet est quelqu’un d’absolument délicieux et d’une très grande gentillesse. Son unique pré-requis est d’obtenir l’autorisation de Nintendo pour réaliser l’interview (ce qui est parfaitement compréhensible). Nous sommes en 2015 pour rappel et je vais envoyer des dizaines et des dizaines de mail à différentes entités dans l’espoir d’obtenir cette approbation. Autant vous dire que pour un amateur comme moi, qui brandit son fanzine comme seule référence le combat est perdu d’avance. De son coté Charles essaye même de trouver quelqu’un lors de la Gamescom, en vain.

Coté France de nombreux emails qui n’ont rien donné, pas ou peu de considération côté Nintendo. Peut être ne m’a t-on pas cru (alors que j’avais les emails pour prouver ma bonne foi), peut être ne croyait-on pas au projet? Probablement que ma taille rikiki ne valait pas qu’on s’intéresse à ce projet.

Nintendo Benelux avait bien essayé d’orienter ma demande, malheureusement malgré leur aide, rien de concluant.

Nous sommes en 2016. Un an a passé, je décide donc d’informer Charles Martinet que je lâche l’affaire. Tant pis le rêve de gosse de pouvoir approcher la voix de Mario à travers quelques questions restera un projet sans suite.

Taikenban évolue. Le fanzine propose de nouvelles rubriques dans l’esprit d’ouverture vers d’autres centres d’intérêt. Mais la partie Jeux vidéo, même si toujours présente au sein du fanzine, me manque un peu. J’ouvre donc un blog qui a pour avantage d’avoir un rythme de mise à jour plus fréquent. Je reprends plaisir à envoyer des centaines de mails pour espérer figurer sur des listes de diffusion et ainsi pouvoir proposer quelque news. Je n’ai pas pour vocation de faire de l’ombre aux professionnels ni même aux plus grand blogs. Je poste ce qui me fait plaisir en espérant partager ma passion avec quelques personnes.

J’en profite d’ailleurs pour remercier chaleureusement les éditeurs/distributeurs qui m’ont fait confiance en m’inscrivant sur leur liste de diffusion ou qui m’ont fourni des codes/ copie review pour proposer des tests.
Pour un tout petit blog, recevoir cette approbation de leur part signifie beaucoup et est une énorme source de motivation, alors merci! Je n’oublie pas non plus tous les devs indés qui ont partagé leur création avec moi ou m’ont même aidé à organiser des concours. Pour ceux qui considèrent que Taikenban est trop petit, qui jugent avant tout d’après les chiffres, tant pis. En espérant vous faire changer d’avis à l’avenir 😉

Nous sommes en 2017. Le blog et le fanzine continuent leur route. Mais reste ce sentiment d’inachevé, cette interview qui ne s’est pas faite. Je décide donc de retenter ma chance ailleurs. Mais où? Le travail de recherche pour les contacts éditeur m’en a appris un peu plus sur le fonctionnement de la communication. J’obtiens une réponse de la boite de com française, malheureusement à la lecture de la réponse je sens que cette piste ne donnera rien.

Mon salut se trouve ailleurs, de l’autre coté de la frontière. Chez Nintendo Suisse précisément. Le mail dans lequel je raconte mes péripéties semble toucher ma correspondante. Enfin une écoute attentive, quelqu’un qui s’intéresse à mon projet, me portant la même attention qu’à n’importe quel autre intervenant. Elle me met en contact avec quelqu’un qui peut m’aider. Pendant des mois, cette personne va s’occuper de l’obtention des réponses à mes questions; me tenant régulièrement au courant de l’avancée du projet. S’excusant même parfois de ce qui pourrait être considéré comme du retard (Charles est perfectionniste dans les réponses et il fournira bien plus que je ne l’aurai imaginé).

Nous sommes en Novembre 2017. Plus de 2 ans après ma demande initiale, j’ai obtenu l’interview de Charles Martinet. Moi, petit créateur d’un fanzine et d’un blog sans prétention, animé par ma seule passion, j’ai réussi à réaliser un rêve de gosse, celui d’approcher la personne responsable des Woohoos d’un petit héros moustachu qui a bercé mon enfance.

Ami lecteur, si toi aussi tu rencontres des difficultés dans tes démarche,ce billet s’adresse avant tout à toi. Tu seras souvent déçu, n’obtiendras pas toujours une réponse. Mais sache que parfois tu tomberas sur la bonne personne, au bon moment. Celle qui saura te redonner l’espace d’un instant, le sourire d’un enfant.