Sans conteste, Léonard Tsuguharu Foujita (1886-1968) est le plus français des peintres japonais, tour à tour oublié puis réévalué par le marché de l’art. Ayant acquis son diplôme au musée des Beaux-Arts de Tokyo, il débarque à Montparnasse en août 1813. Sa découverte de Picasso le bouleverse. Ce sera le premier grand choc de sa vie d’artiste. La vision de ses toiles le pousse à expérimenter. Très rapidement il devient une figure emblématique de l’École Française et du Paris des années folles. Il devient l’ami de nombreux peintres tels Van Dongen, Braque, Soutine Pascin ou encore Modigliani. Dans ce monde bigarré, ce microcosme parisien interlope, il se démarque cependant par son originalité et son excentricité (et probablement par son exotisme). Il devient le dandy japonais des années 20. Sa coupe au bol et ses lunettes rondes sur le nez qu’il immortalisa sur plusieurs autoportraits restent gravés dans l’histoire des Beaux-Arts.
Tsuguharu Foukita dont le nom signifie « héritier de la paix » est issu d’une famille de samouraïs. S’il fut grandement inspiré par l’esprit cubiste de Picasso, il n’en garde (et cultive) pas moins son japonisme originel comme une singularité : dans sa peinture, il conserve un trait calligraphique qui rappelle la tradition japonaise dont il est issu. Ainsi s’il a toujours été fasciné par l’Occident, il n’en renie pas ses origines. Foujita fut un grand peintre des nus féminins immaculés et des chats. Il s’adonna cependant à d’autres sujets tels que des portraits de personnalités parisiennes connues, des peintures religieuses voire même des scènes mystiques à la fin de sa vie. Échappant à toute classification, ses peintures témoignent d’un mélange de l’esthétique des estampes japonaises et de l’expressionnisme parisien. Il crée ainsi son propre style hybride tout en cultivant dans sa vie quotidienne son image de nightclubber affublé de vêtements très Art déco.
Foujita reprend souvent des thématiques animalières inspirées du Japon traditionnel et s’inspire en particulier d’Itō Jakuchū (1716-1800), célèbre pour ses représentations d’animaux et de fleurs. Cela est particulièrement visible dans cette peinture de Jeune couple aux animaux datant de 1917. Dans cette peinture, on retrouve ses fonds ivoire ou or caractéristiques, et la finesse de son dessin qui font de lui un artiste unique, fin et délicat. Les contours et le trait fin à l’encre noire, les vides et les aplats typiques de l’estampe japonaise se retrouvent ici. Ce couple est surpris par le spectateur dans une scène d’intimité. Il semble se trouver sur une île peuplée d’animaux, qui figure un Jardin d’Eden. La jeune femme dont la posture est très japonisante (tête très baissée, position des mains) s’attache à nourrir toute cette population animale où ne figure étrangement aucun chat, lui qui a tant aimé les peindre. Enfin notons au passage la précision du dessin et du pinceau dans les représentations botaniques.
-Article rédigé par Tony-