Initialement une license Game boy advance exclusivement réservée au marché Japonais, Gyakuten Saiban, plus connu sous le nom de Phoenix Wright en occident, a fait l’objet de multiples portages que ce soit sur DS, 3DS, Wii mais aussi sur mobile. Le titre débarque logiquement sur Switch mais aussi sur PS4 et Xbox One, tout le monde pourra donc tâter de cette excellente série.
Certains parleront de la série Phoenix Wright comme d’un visuel novel et ils n’auraient pas foncièrement tort. D’autres d’un point’n click, ils n’auraient pas tort non plus. Nous sommes ici en présence d’un subtil mélange de genres. Assez rafraîchissant à l’époque, le titre fait toujours mouche malgré le poids des ans. Cette compilation réunit les trois premiers titres de la série (Phoenix Wright: Ace Attorney, Phoenix Wright: Ace Attorney – Justice for All et Phoenix Wright: Ace Attorney – Trials and Tribulations) et chacun d’entre eux est construit sur la même routine. 4 ou 5 affaires à élucider (la cinquième affaire du premier jeu avait été développée spécifiquement pour la version DS), qui mêleront phase de procès et phases d’exploration/enquête.
Un maître mot ici, le texte. Car Phoenix Wright est un infatigable parleur. Mais rassurez-vous, le tout est vraiment très bien écrit, avec beaucoup d’humour, de subtilité, de jeux de mots qui font que l’on ne s’ennuie pas une seconde. A noter que le jeu n’est proposé qu’en japonais ou en anglais actuellement mais qu’une mise à jour à paraître cet été apportera entre autres les sous titres en français.
Il serait vain de détailler ici chacun des scénarios, d’une pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte et de deux, inutile de vous asséner d’un avis imbuvable à vous dégoûter du titre alors qu’il gagne vraiment à être essayé.
You’re wrong, Mister Wright
Comme je vous le disais en préambule, quel que soit l’épisode choisi, vous aurez affaire à la même mécanique. Bien sûr chaque jeux tente d’apporter quelques éléments de gameplay supplémentaires et je vous conseille donc de manière très originale de commencer par le premier épisode. Non seulement pour appréhender de manière didactique ces mécaniques mais aussi parce que les titres suivent une sorte de fil rouge avec des personnages récurrents et certaines allusions qui nécessiteront un peu de background.
La première histoire du premier épisode fait office de tutoriel. Vous y apprendrez donc les bases des procès. Les différentes preuves seront accessibles très facilement et vous n’aurez à vous concentrer que sur les phases de procès. Là aussi une séquence de jeu quasi gravée dans la pierre avec le récit d’un témoin/accusé et une phase de contre interrogatoire.
Le récit des événements sera pour vous l’occasion de commencer à détecter les éléments contradictoires vis à vis des preuves, mais aussi de challenger le témoin pour qu’il apporte des précisions, voire des contradictions, à son témoignage. La seconde phase de contre interrogatoire vous permettra d’apporter la preuve d’une incohérence qui déstabilisera le témoin et pourra retourner la situation en votre faveur. Bien sûr la partie adverse, le procureur, ne se laissera pas faire facilement (du moins passé le premier procès) et chaque procès sera l’occasion de joutes verbales et de multiples rebondissements.
Par la suite, les différents cas se complexifieront avec les phases d’enquête qui vous obligeront à visiter différents lieux à la recherche d’indices. Si la navigation est aisée, elle est aussi quelque peu rigide, vous obligeant à passer par tel ou tel lieu avant d’atteindre votre destination, réaliste mais peut être un peu contraignant à notre époque.
Chaque épisode verra sa durée augmenter pour finalement atteindre le sel de chaque titre, le dernier épisode, probablement le plus intéressant mais celui qui vous offrira également le plus de challenge.
A noter qu’une nouvelle mécanique fait son apparition dans Justice for All et Trials and Tribulations avec l’utilisation du Magatama (une sorte de pendentif en forme de croc/griffe). Ce dernier combiné à la preuve adéquate permettra de lever les verrous psychologiques de certains témoins et de débloquer une situation qui semblait de prime abord inextricable.
Et la réalisation dans tout cela?
Phoenix Wright est résolument orienté Manga avec des personnages charismatiques et hauts en couleur. Les graphismes sont proposés en HD et je dois avouer, même si ces derniers restent de bonne facture, avoir été un peu déçu par le rendu. Ma mémoire me joue peut être quelques tours mais le souvenir des versions DS me paraissait plus chaleureux. Ici le lissage excessif, appliqué principalement sur les plans larges, provoque un sentiment de flou pas très agréable. Les animations sont minimales mais ce type de jeu ne s’y prête pas vraiment.
Un élément important des Phoenix Wright concerne ses musiques. Des compositions vraiment très réussies dont certaines restent inlassablement en tête (ah le steel samurai). Elles ont été ré-orchestrées par rapport à leurs homologues DS mais malgré leur coté un peu désuet aujourd’hui, ces dernières demeurent toujours de haut niveau. On a tendance à retrouver les mêmes musiques lors d’étapes clés et certains pourraient trouver cela rébarbatif mais votre serviteur a, pour sa part, totalement adhéré à l’univers. Quel plaisir de retrouver le titre « Objection! » lors des moments clés. Petit aparté pour les amateurs, il existe des versions orchestrales et jazz des compositions phares disponibles en CD qui méritent que l’on tende l’oreille.
Si le portage est plutôt minimaliste, le titre propose toutefois quelques petits plus bienvenus comme une dizaine de slots de sauvegarde afin que toute la famille puisse avancer à son rythme ainsi qu’une sauvegarde rapide.
Il est toujours difficile de donner un avis objectif sur ce genre de jeu puisque soumis à l’affectif que l’on peut porter aux personnages (ah Edgeworth et Godot!) ou à l’histoire. Bien sûr ce genre de titre s’adresse exclusivement à ceux qui ne seront pas rebutés par de nombreux textes à lire mais gardez bien à l’esprit que les scénarios sont vraiment de grande qualité, les personnages attachants et que l’on se prend réellement au jeu. Attention cependant, le jeu peut s’avérer parfois frustrant avec une incohérence clairement identifiée mais qui nécessitera de présenter la bonne preuve au bon moment, celui choisi par les développeurs et non par vous même.
Support: Switch, PS4, Xbox One Développeur: Capcom – testé sur Xbox One à partir d’un code fourni par l’éditeur