[AVIS] Fuze 4

Fuze4

Attention, aujourd’hui, on ne va pas tester un jeu. Aujourd’hui, on va se lancer dans la CRÉATION de jeux.

Oui, Fuze4 Nintendo Switch (F4NS pour les intimes) est un environnement de développement de jeux complet, sur Switch. Oui, entièrement sur Switch. « Super ! » Vous vous dites : « J’ai toujours voulu développer mon propre jeu ! » C’est parfait. Mais armez-vous de patience car là on est dans la cour des grands.

Fuze4

La création de jeu à portée de tous ?

Pour situer le contexte : je suis développeur. Pas de jeux, ce domaine est resté pour moi un mystère pendant des années, mais d’applications ou sites web pour les entreprises. J’avais essayé l’environnement XNA de Microsoft à l’époque du Zune et de la XBox 360 mais rien de bien concret. Toujours est-il que j’ai l’habitude de travailler avec différents environnements de programmation et différents langages depuis des années. Cela veut aussi dire que j’ai mes petites habitudes et certains réflexes.

Fuze4 se veut donc être un environnement de développement complet, disponible sur Switch. Il arrive à la suite d’autres versions de Fuze disponibles sur PC ou micro-PC (Raspberry Pi, etc.). Les développeurs à l’origine de cette idée sont anglais et se sont donné pour but de promouvoir l’apprentissage de la programmation. Ils organisent d’ailleurs régulièrement des stages à l’attention des programmeurs en herbe.

Une interface complète mais un peu brouillonne

Mais lorsque l’on débarque sur F4NS, on peut vite être décontenancé. Malgré un petit « tour du propriétaire » proposé au début, on se sent lâché dans la nature, sans vraiment être tenu par la main. La première icone que l’on voit est « Code », qui nous met directement face à une page blanche (enfin, ici noire parce que les vrais développeurs bossent dans le noir) et un clavier virtuel. Et oui, on est ici pour coder, mon gars, pas pour dessiner quelques niveaux rigolos pour un bonhomme à casquette.

On ressort vite et on regarde ce que Fuze4 nous propose d’autre sur l’écran principal :

Fuze4

  • « Media » est une immense bibliothèque de ressources pour nos jeux : sprites, backgrounds, images, sons, musiques, objets 3D, etc. On parle ici de plus de 10000 éléments ! De quoi satisfaire toutes les envies du créateur qui sommeille en vous.
  • « Programs » contient de nombreux exemples de jeux permettant de voir ce qu’il est possible de faire : plate-forme, shoot’em up, course, RPG, en 2D, en 3D, en isométrique… Tous les genres ou presque sont représentés et, bien sûr, avec tous les codes sources.
  • Puis vient « Project ». C’est là que vous gérerez votre projet (en fait juste le titre, l’auteur et la description).
  • « Friends » permet de consulter les créations que nos amis ont partagées (on y reviendra).
  • « Tools » propose deux outils pour créer ses propres ressources graphiques : maps et sprites. Si le dessin pixel par pixel est votre dada, c’est ici que ça se passe. C’est très simple d’utilisation mais, bizarrement, tout se fait avec les sticks et les boutons : impossible d’utiliser l’écran tactile de la console. Peut-être dans une prochaine mise à jour ? Impossible a priori non plus de transférer une image ainsi créée d’un projet à l’autre.
  • On passe sur « Settings » qui est assez explicite.
  • Et on arrive enfin sur « Help ». C’est finalement là que vous allez passer le plus de temps.

 

Les mains dans le cambouis

Car ici, pas de didacticiel facile à suivre avec une voix off chaude et rassurante comme dans Little Big Planet. Fuze4 s’apprivoise par le bais d’une documentation consultable directement sur la console ou en ligne sur le site officiel. Il faut aimer la lecture car c’est un bon gros pavé, tout en anglais. Il contient quelques tutoriels avec des exemples de code qu’il est possible de copier dans son propre programme mais on reste sur de longues pages plus ou moins techniques, en anglais (j’insiste parce que ça peut en rebuter plus d’un). Heureusement les explications sont claires et écrites de manière conviviale et parfois même drôle (avec un humour d’informaticien cela dit). L’aide contient bien sûr la syntaxe de toutes les commandes et fonctions présentes dans le langage. Car oui, Fuze4 utilise un langage propriétaire, une sorte de mélange de Python ou de Basic, pour ceux qui connaissent, tout en étant plus simple et avec moins de contraintes (pas de point-virgule en fin de ligne, pas d’indentation imposée, etc.). La prise en main, même si l’on est peu habitué à la programmation, est donc rapide. D’autant que de nombreuses fonctions propres à la création de jeu sur console sont proposés. Ainsi, il sera facile de « capter » les commandes du joueur (sticks, boutons, écran tactile et gyroscope des Joy-Con inclus), d’animer des sprites, de jouer de la musique, etc.

Et heureusement parce que, mine de rien, on se rend compte que développer un jeu de A à Z n’est pas une chose aisée. Entre les graphismes à afficher (et éventuellement à créer), les animations à animer et surtout les bugs à débugger, le chemin n’est pas si simple que ça. Il y a forcément quelques limitations à tout faire sur la console de Nintendo (écran un peu petit en mode portable, pas de multi-fichiers pour les programmes, pas de recherche par mot-clé ni dans le code ni dans l’aide, etc.) mais il faut reconnaître que le tout est plutôt bien pensé et l’environnement est agréable. Enfin, quand la console est posée sur son dock, il est possible d’utiliser un simple clavier USB pour taper les innombrables lignes de codes qui constitueront votre chef-d’œuvre. Mais avec un peu de persévérance et pas mal d’aller-retour dans la documentation (accessible aussi directement depuis le code), vous arriverez à faire un petit programme sympathique. Assez sympathique pour que vous ayez envie de le faire voir au monde entier. Ben oui, un jeu n’a de raison d’être que s’il est joué, et par le plus grand nombre si possible.

En vase clos

Et c’est là que Fuze4 échoue lamentablement. La seule façon de partager un de ses jeux est de passer par « Projets » et de cliquer sur le bouton « Share » (partager). A ce moment-là, votre code source (et les éventuelles ressources graphiques créées) seront disponibles dans « Friends », pour les membres de votre liste d’amis qui possèdent déjà Fuze4. Non, pas de partage « à la communauté » comme le permettent tous les jeux où l’on peut créer ses propres niveaux. Il faut absolument être « ami » pour se partager ses créations. Impossible évidement d’envoyer un jeu « exécutable » à quelqu’un qui n’a pas Fuze4 sur sa console (déjà que l’on ne peut pas s’envoyer de simples messages…). Cela nous cantonne donc forcément à notre petit cercle d’amis développeurs. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, autant on peut se procurer un Super Mario Maker uniquement dans l’idée de jouer aux niveaux des autres, autant Fuze4 s’adresse exclusivement aux programmeurs en herbe, surtout avec un tarif aussi élevé pour un « jeu » eShop (34,99€). Résultat, à moins d’être très actif sur les forums de Fuze Arena, le site de la communauté, et de s’être fait plein d’amis, votre jeu aura toutes les chances de rester un chef-d’œuvre inconnu du public.
Une autre application moins chère qui permettrait juste de jouer aux jeux des autres pourraient être une solution pour diffuser à plus grande échelle les jeux de la communauté mais cela ne semble pas être dans les cartons. Il n’est pas non plus possible d’exporter ou d’importer d’une manière ou d’une autre un programme de ou vers un ordinateur. A priori, les développeurs seraient frileux du fait qu’il est possible, en théorie, de recréer un jeu au pixel-près. Il y a d’ailleurs déjà un créateur qui a refait Pac-Man, musique incluse.

 

~Test réalisé par YomeNetSan~

En conclusion
Fuze4 est un très bon outil d'apprentissage de la programmation pour peu que l'on soit motivé. Malgré les quelques bugs ou comportements bizarres, l'environnement est sobre et assez pratique. La documentation est bien faite. Les possibilités sont quasi-infinies et il est très gratifiant de voir évoluer ses créations au fur et à mesure du développement. Cela devient même vite prenant et, comme bon nombre de créateurs de jeux avant nous, on se prend à peaufiner son gameplay jusqu'à point d'heure sans s'en rendre compte. Quel dommage que tout ne soit proposé qu'en anglais et surtout, surtout, que le partage des créations soit si limité. En espérant une prochaine mise à jour dans ce sens...
On aime:- Développer des jeux pour de vrai, avec du vrai code
- Un environnement complet dans la poche
- Une prise en main facile
On n'aime pas:- Le partage des jeux beaucoup trop limité
- Tout en anglais
- Les quelques bugs ou comportement bizarres de l'interface
- Le partage des jeux beaucoup, beaucoup trop limité (je l'ai déjà dit ?)





Support:  Switch  Développeur: FUZE Technologies Ltd – testé sur Switch à partir d’un code fourni par l’éditeur, merci à lui