Les amateurs de RPG tactiques, autrefois injustement boudés par les sorties européennes, peuvent aujourd’hui compter sur un petit nombre d’éditeurs pour apporter de l’eau à leur moulin. Nintendo fait partie de ceux là en proposant depuis de nombreuses années la série Fire Emblem sous nos latitudes. Développé par Intelligent System et Koei Tecmo, ce nouvel épisode baptisé Three Houses, fait son retour sur console de salon accompagné de quelques nouveautés rafraîchissantes mais qui pourraient également en surprendre quelques uns. Dans le bon ou le mauvais sens? C’est ce que nous allons essayer de découvrir.
L’aventure va prendre place dans le monde de Fódlan, divisé en 3 régions principales, placées sous l’autorité de l’Église de Seiros dont la place forte se situe dans un monastère. Centre névralgique du pouvoir, ce monastère est également un lieu d’enseignement où de jeunes élèves reçoivent l’éducation nécessaire pour faire d’eux les futurs dirigeants des provinces qui constituent Fódlan. Vous incarnerez ici, Byleth, sous les traits d’une femme ou d’un homme, à votre convenance. Ce jeune mercenaire se voit rapidement offrir l’opportunité de devenir instructeur au sein du monastère mais cette offre est-elle totalement désintéressée et pour le bien de tous?
Une affaire de familles
Outre le sexe de votre personnage, Three houses, le bien nommé, va donc vous demander de faire le choix principal de votre aventure, celui de désigner la maison pour laquelle vous allez occuper ces nouvelles fonctions. Et votre choix s’effectuera après avoir rencontré les délégués de trois maisons:
- Edelgard, princesse et future impératrice de l’Empire Adrastien, de la maison des Aigles de Jais (spoiler, mon choix)
- Dimitri, prince héritier du Saint Royaume de Faerghus, de la maison des Lions Saphirs
- Claude, héritier de la famille dirigeant l’Alliance de Leicester, de la maison des Cerfs d’Or.
Ce choix n’est pas anodin pour la suite car comme nous allons le voir ci-dessous, Three Houses accorde une place essentielle à la gestion des relations instructeurs-élèves. Si le scénario principal demeurera sensiblement le même, certains événements, les élèves (et donc votre équipe sur le champ de bataille), les interactions entre personnages, les quêtes annexes dépendront donc de la maison choisie. Vous l’aurez compris, la durée de vie du titre s’annonce assez hallucinante pour celui qui s’aventurera à vivre l’histoire sous les différents angles proposés.
Quand Animal crossing rencontre Fire Emblem
Attardons nous tout de suite à la principale nouveauté de cet opus, la vie au monastère. Votre enseignement va s’articuler autour d’un calendrier mensuel qui se clôturera toujours par la grande bataille faisant avancer le scénario. Néanmoins, les 4 semaines qui précèdent vous offrent une relative liberté dans les possibilités qui vous sont offertes, et ces dernières sont nombreuses. Et c’est ici que nous rentrons dans un tout autre monde, que les adeptes du T-RPG auront peut être du mal à comprendre, à accepter ou à adouber. Une fois n’est pas coutume, commençons par la fin de semaine qui vous permet de vous adonner à différentes activités. Quartier Libre tout d’abord, sans doute la plus prolifique puisqu’elle vous permettra d’arpenter librement le monastère pour en explorer tous les recoins (certains ne devenant accessibles qu’après avoir avancé dans l’histoire principale). A cette occasion, vous pourrez alors discuter avec les élèves pour en apprendre d’avantage sur eux mêmes, sur leurs goûts, résoudre de petites quêtes comme apporter un objet bien précis à telle personne, recruter du monde pour la chorale, planter des graines dans la serre et même pêcher (dans quel jeu n’est-il plus possible de pêcher de nos jours? ). Ne croyez pas que cela s’arrête là puisque le produit de votre récolte ou de votre pêche pourra être utilisé pour prendre lé thé, confectioner des petits plats qui pourront être consommés au réfectoire en compagnie d’élèves de votre choix et ainsi renforcer les liens qui vous unissent. Si cet aspect peut clairement étonner dans un premier temps, on se rend vite compte qu’il permet de renforcer les sentiments que l’on peut avoir pour les membres de son équipe qui possèdent tous un petit quelque chose qui les rends adorables ou au contraire détestables. Vous aurez même l’occasion de vous former auprès des autres enseignants de quoi booster votre propre statistiques. Tout cet écosystème apporte un réel vent de nouveauté à la série, de quoi renforcer le coté vivant du titre et lui enlever son coté un peu générique parfois.
Et si vous ne souhaitez pas arpenter les couloirs du monastères, vous pourrez dispenser votre enseignement en début de semaine sous forme de tutorat en prodiguant vos leçons à vos élèves et ainsi augmenter leur compétences dans tel ou tel domaine (maniement de l’épée, de la hache, de la lance, sorts etc…). Vous pourrez ainsi modeler vos élèves suivant vos besoins pour leur faire passer un examen afin de leur attribuer une classe spécifique en cas de réussite. Le titre offre ainsi une certaine liberté dans la constitution de son équipe puisque rien n’est figé, vous pourrez toujours reprendre l’enseignement dans une autre catégorie pour ré-orienter un de vos élèves. Elèves qui ne se cachent d’ailleurs pas pour exprimer leur souhait et ainsi vous demander de leur prodiguer un enseignement en accord avec leurs attentes. Vous aurez également l’occasion d’attribuer des corvées aux élèves (surveillance, nettoyage…), de quoi leur faire passer un peu de temps ensemble et ainsi renforcer leur entente ce qui se traduira en bonus sur le champ de bataille.
Toutes ces activités vous coûteront néanmoins des points, ceci afin de ne pas passer votre temps à errer dans l’académie ou créer des élèves rouleau compresseurs. Ces points vous seront réattribués à chaque cycle et quelques points supplémentaires vous sauront alloués en cours de partie en fonction de votre propre évolution.
N’oubliez pas non plus de souhaiter un bon anniversaire à vos élèves et à ceux des autres professeurs, un petit bouquet de fleurs ne fait pas de mal (sauf au porte monnaie) et cela entretient la motivation de tous. Car la motivation est au cœur même de l’évolution de vos équipiers. Un élève motivé pourra apprendre d’avantage et se développera plus facilement. Des élèves satisfait et votre réputation ira en grandissant, vous octroyant de nouveaux avantages. Et un instructeur renommé attire l’intérêt des élèves d’autres professeurs, pourquoi ne pas alors profiter de votre aura pour chercher à recruter dans les autres maisons?
Mais pour celui qui veut se battre et uniquement se battre? Le jeu est plutôt bienveillant et ne vous oblige pas à arpenter le monastère. Le tutorat peut être dispensé de manière automatique, le menu vous propose des combats facultatifs (qu’il est tout de même bon de faire pour gagner de l’expérience et être paré pour les combats obligatoires) mais cela serait passé à coté du cœur même de cet épisode.
Et les combats alors?
Rassurez vous les combats sont toujours présents dans ce Fire Emblem. Si le début du titre est assez facile, certains combats de la trame principale vous tiendront en haleine en fonction de la tactique employée. Les objectifs sont souvent de terrasser l’ensemble des ennemis mais parfois le titre se permet de ne cibler qu’un adversaire comme homme à abattre. Les armes auront tendance à se briser après un certain nombre d’utilisations, d’autant plus rapidement que le coup ou la capacité utilisé est puissant. Il vous sera donc nécessaire d’en prévoir un petit stock pour ne jamais être pris de cours. Les fonctionnalités online permettent d’ailleurs de récupérer quelques armes et de l’expérience en passant sur une sorte de petit feu-follet lumineux témoin de la chute d’un autre joueur à l’endroit précis de la carte.
La magie se régénère entre chaque bataille, signe de volonté d’ouverture du titre envers le plus grand nombre comme en témoigne les possibilités de customisation du titre. Suivant le niveau choisi, les morts seront ou non permanentes et une fonction rewind vous permet de remonter le temps à une action précise afin de réparer une erreur et modifier votre approche en conséquence. En cas de défaite ou d’abandon, le jeu vous permet également de conserver ou non l’expérience acquise durant la bataille. Chacun trouvera donc la configuration qui lui conviendra afin de profiter au mieux du titre.
Vous aurez la possibilité de demander de l’aide à un élève d’une autre maison pour qu’il/elle vous prête main forte durant certaines batailles. Intéressant sur le papier mais moins en pratique car l’expérience gagnée par ce personnage ne vous servira que peu au final. Le jeu introduit également un système d’escouades, une troupe qui peut être recrutée pour combattre à vos côté. La aussi en pratique cette option ne sert que peu, principalement contre des bosses plutôt costauds auxquels on veut faire quelques dégâts supplémentaires.
Quelles que soient les options que vous retiendrez, les combats de ce Fire Emblem sont, à l’instar de ceux des autres épisodes, toujours passionnants (et aussi frustrants parfois dans leur difficulté). Et quoi que puissent en dire les réfractaires de l’aspect « simulation de vie », la petite flèche lancée par un archer que l’on avait pas vu et qui abat votre personnage préféré, prend un tout autre sens après avoir partagé son repas et chanté dans la chorale avec le dit perso. C’est sans doute là la plus force de cette épisode qui, au delà des modifications mineures des combats, a su introduire un sentimentalisme qui faisait peut être défaut, ou tout du moins était clairement en deçà, dans les épisodes précédents.
Un esthétisme mi-figue, mi-raisin
J’évoquais l’attachement que l’on peut avoir vis à vis des personnages et cela est également dû à la direction artistique de ces derniers. Même si à titre personnel, je préfère les magnifiques illustrations de l’épisode mobile Fire Emblem Heroes, on notera une nouvelle fois la grande réussite du character design de cet épisode. Bien sûr nous aurons tous nos préféré(e)s (ahh Petra) mais d’une manière générale, même le plus antipathique des personnages possède un certain charme.
Et cela tranche avec le rendu général du titre qui, si il demeure correct, ne nous donne pas spécialement envie de passer 10 min à contempler les environs du monastères. Les maps sont plutôt classiques, les textures n’ont rien d’exceptionnel, certains ennemis poppent lors des scénettes de combat. C’est d’autant plus visible en mode docké où l’aliasing se fait également sentir. En mode portable, le titre est plus à son honneur mais la petitesse de la police de caractères rend la lecture des textes plutôt difficile.
Sur une note plus optimiste, on notera la beauté des musiques qui nous accompagnent avec une dynamique particulière lors des séquences d’action. Une grande réussite de ce point de vue.
Si techniquement le titre pourrait être mis légèrement en défaut, l’intérêt principal de Three Houses demeure donc dans la profondeur qu’il accorde à la gestion des personnages. Et cet aspect pourrait chagriner les plus irréductibles en quête d’action instantanée puisque le titre n’échappe pas à certaines longueurs. Un bon Fire Emblem mais un Fire Emblem différent dont la principale richesse est de chercher à se renouveler en prenant une direction que l’on attendait peut être pas.
| En conclusion |  |
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| Fire Emblem Three Houses fait le pari d'aborder la série sous un nouvel angle. Si les fondamentaux de cette série de Tactical RPG sont respectés, le titre introduit une dose de gestion des personnages à la fois intéressante et déroutante. Si cette nouvelle mécanique ne peut éviter certaines redondances, elle permet également de se rapprocher d'avantages de ses troupes et de créer un lien encore plus fort avec les personnages. Riches en quêtes annexes, le jeu propose une durée de vie hallucinante pour celui qui complète le jeu sous l'emblème des trois maisons. Fort d'un scénario captivant, Fire Emblem Three Houses est une franche réussite même si on pourrait lui reprocher quelques petites choses comme une police trop petite en mode portable ou un peu d'aliasing en mode docké par exemple. Un titre fort sur la machine, assurément. | ||
| On aime: | - Un scénario captivant - Un mix gestion, T-RPG intéressant - Une réalisation correcte, des musiques enchanteresses - un jeu modulable, qui s'adapte à tous - Une durée de vie généreuse |
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| On n'aime pas: | - Un peu d'aliasing en mode dock - Une police de texte vraiment petite en portable - Un épisode riche mais un peu différent qui pourrait ne pas plaire à tous |
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Support: Switch Editeur: Nintendo – testé sur Switch à partir d’un code fourni par l’éditeur, merci à lui
