Longtemps rivales, la saga Final Fantasy (Squaresoft) et la série Dragon Quest (Enix) sont désormais réunies sous l’unique bannière Square Enix. Alors que l’occident se passionne depuis un petit moment pour Final Fantasy, la série Dragon Quest, qui bénéficie d’une très forte popularité au Japon, demeure plus confidentielle sous nos latitudes. Après être sorti sur PS4 et 3DS, Dragon Quest XI Les Combattants de la destinée nous revient dans une version Switch et lorsque l’on sait que cette sortie concrétise une promesse des développeurs faite à Satoru Iwata, on ne peut se retenir d’avoir une pensée émue.
Comme je le disais en préambule, Dragon Quest n’a pas forcément l’aura d’un Final Fantasy en occident et je dois avouer que cet onzième épisode est le premier auquel je vais m’adonner. Non pas que la série me soit totalement inconnue, mais j’avais plutôt tendance à être du coté de Final Fantasy durant mes jeunes années pour finalement délaisser le genre ces derniers temps, sauf en de rares occasions. Quelques trailers, quelques infos, la possibilité d’en tester la démo avaient néanmoins suscité un profond intérêt pour ce titre chez moi. Je remercie au passage Nintendo pour l’opportunité d’émettre un avis sur le jeu mais avant cela une petite mise au point s’impose.
Néophyte de la série, cet avis va forcément adopter une approche différente des tests effectués par des fervents adeptes de Dragon Quest. Mon propos n’est pas de référencer les allusions, d’établir une échelle de valeurs des épisodes de la série. Mon avis sera guidé principalement par l’accessibilité qu’offre le titre à un nouveau venu dans l’univers mais aussi à un joueur qui n’a pas (ou a perdu) l’habitude des RPGs. Alors à quel point cet épisode peut-il s’adresser à ce profil de joueur? C’est ce que nous allons tâcher de découvrir.
Une direction artistique familière
Avant même de découvrir les tenants et les aboutissants de l’aventure, le joueur aura le sentiment étrange d’être en terrain connu. Ce design si particulier des personnages et des monstres, évoquera immédiatement un sentiment de déjà vu. Tout s’éclaircira quand ce même joueur découvrira que l’on doit la direction artistique de cet épisode et de la série à Akira Toriyama, le papa de Dragon Ball. A moins d’être totalement hermétique à ce design, force est de constater que l’on est rapidement conquis par l’univers chaleureux et bon enfant qui se dégage du titre et ce même dans ses moments les plus sombres. Puis on commence à s’intéresser à l’ambiance sonore…
Et là Mesdames, Messieurs c’est une claque auditive. Bénéficiant de pistes symphoniques (contrairement aux autres versions du titre) cette version Switch est un régal pour les oreilles. Pour les besoins de cet article, je me suis forcément intéressé aux avis émis vis à vis des autres versions, ne serait ce que pour pouvoir mettre en avant les différences propres à cette ultime version. J’ai noté quelques commentaires sur le fait que les thèmes étaient moins inspirés que pour les épisodes précédents mais je vous arrête, si les thèmes sont moins inspirés ici, je me demande quel degré de perfection ont atteint les autres OST. C’est bien simple, j’ai passé de nombreuses minutes sans rien faire, juste pour profiter des différents thèmes que propose le jeu. Et si certains jingles semblent un peu moins bien traités, les pistes orchestrales sont délicieuses et contribuent grandement au plaisir que l’on a de parcourir le titre.
Une histoire classique mais rondement menée
Mais avant de rentrer plus en détails dans la réalisation elle-même, intéressons nous au cœur du jeu: son histoire. Tout débute alors que notre héros (vous) s’apprête à participer au sein de son village à la cérémonie de passage à l’âge adulte. Comme vous vous en doutez, cette cérémonie ne va pas être de tout repos et le héros va découvrir qu’il est en réalité la réincarnation de l’Eclairé, autrefois sauveur du monde. Sur les conseils de son entourage, il va consulter le roi sur les suites à donner à l’accomplissement de sa destinée. Malheureusement, notre héros est bien malchanceux et se retrouve emprisonné sous couvert de représenter une menace pour le royaume. Grâce à une rencontre providentielle, notre héros va pouvoir s’échapper et va parcourir le royaume d’Elréa pour découvrir la vérité…
Un scénario loin d’être original mais prenant et qui, s’il est dirigiste au début, vous donne un peu de liberté par la suite dans la façon d’explorer l’univers. Attention, ce n’est pas du monde ouvert à la Breath of the Wild mais cela reste appréciable. Les différents personnages qui viendront compléter votre équipe, versent quelquefois dans la caricature mais encore une fois, le character design est tellement agréable, que tout passe sans sourciller. On notera également une réelle volonté d’impliquer les personnages à l’histoire et chacun bénéficie d’un traitement de choix quant à ses origines et/ou motivations.
Une version Switch généreuse
Comme son nom l’indique, la Switch bénéficie ici de la version la plus complète du titre. Outre les musiques orchestrales déjà évoquées, le titre propose voix japonaises ou américaines ainsi que les sous-titres français. Elle apporte également avec elle un héritage de la version 3DS à savoir le mode 2D. Véritable madeleine de Proust pour les amateurs de JRPG de l’époque 16 bits, ce mode ravira les fans de pixels mais il est important de signaler ici que vous ne pourrez pas profiter de ce mode à l’envie. En Effet, le jeu ne vous propose de basculer de la 3D vers la 2D (et inversement) qu’en certains lieux et la bascule vous ramènera en début de chapitre. Il est donc plutôt judicieux de switcher en début de chapitre. Si le mode 2D est très bien réalisé et un plus appréciable, je dois avouer que je lui préfère le mode 3D, affaire de goût mais pas que, comme nous le verrons un peu plus tard au niveau des combats. A noter que le mode 2D, vous pourrez jouer à certains passages références aux anciens épisodes de la série, autre clin d’œil appréciable pour les fans de la saga.
Mais ce n’est pas tout, j’évoquais l’accessibilité comme axe de ma revue et cette version Switch se pare de beaux atouts dans ce domaine. Quand on évoque les trois lettres R.P.G pour le non initié, on doit souvent faire face à des remarques sur les allers-retours au sein de la carte ou encore les combats aléatoires auxquels on doit faire face et qui peuvent être rebutants. Avec Dragon Quest XI S, tout semble avoir été prévu pour rendre l’expérience la plus fluide possible. Ainsi à la vitesse de déplacement déjà plutôt rapide de votre personnage, s’ajoute la possibilité de courir. Déambuler dans les villes, participer aux nombreuses quêtes annexes s’en retrouve ainsi grandement facilité. On peut également monter à cheval (et autres) pour accélérer les déplacements et, au bonus suprême, percuter les ennemis visibles sur la carte vous octroiera de l’expérience. De quoi faciliter votre montée en niveau, accessibilité quand tu nous tiens.
Intéressons nous aux ennemis un instant. En mode 3D, ces derniers sont en effet visibles sur la carte et vous pourrez ainsi éviter certains combats. Une option appréciable que l’on ne retrouve pas en mode 2D où les combats se déclenchent aléatoirement. Le titre s’apprécie donc à différents niveaux et les amateurs de RPG à l’ancienne se tourneront peut être d’avantage vers la version 2D. Lors des combats, en 3D, en vue dynamique, vous aurez la possibilité de déplacer vos personnages sur le champ de bataille et, réflexe d’amateur de T-RPG, tenter de les frapper dans le dos. Malheureusement, aucune influence de position sur la puissance des coups portés, ce qui fait qu’on aura plutôt tendance à privilégier la vue statique que je trouve plus lisible. Pour rendre les combats plus rapides, vous aurez aussi la possibilité de jouer sur la vitesse de ces derniers et aussi assigner des tactiques de combat aux autres membres de l’équipe. Vous pourrez ainsi attribuer le rôle de soigneur à un membre pendant que vous vous occuperez d’occire vos adversaires. Une automatisation des combats, à différents niveaux, permettra à ceux qui ne veulent pas multiplier les ordres de s’en sortir. A noter que vous pourrez, sous conditions particulières, combiner les attaques de deux personnages afin d’infliger plus de dégâts, particulièrement utile contre les boss qui sont les ennemis offrant un minimum de challenge. A chaque montée de niveau, votre jauge de pouvoir magique se retrouve de nouveau pleine, annihilant ainsi la difficile tâche de restaurer votre magie de manière régulière. Avec tous ces petits ajouts de gameplay, le néophyte sera comblé mais revers de la médaille, les combats s’en trouvent grandement facilités. Pour ceux qui aiment le challenge, la « Quête draconienne », permet néanmoins de s’affranchir des armures, de rendre indisponibles les achats ou de booster les différents monstres rencontrés, petit artifice pour compenser la relative facilité du jeu.
Vous n’échapperez pas à l’arbre de compétences, ou plutôt ici quelque chose qui s’apparente à un sphérier. Vous pourrez y dépenser vos points de compétences durement gagnés dans des aptitudes spécifiques. Ces dernières pourront faire des membres de l’équipe de véritables tueurs à condition de débloquer les aptitudes les plus chères (et qui ne deviennent disponibles que lorsque les précédentes ont été révélées).
On note çà et là quelques petits raccourcis bienvenus, comme le fait de pouvoir parler aux membres de son équipe ou d’utiliser la forge (un outil qui vous permet de créer armes et objets à partir de matières premières) directement via les touches + et – sans passer par le menu. Vous venez de trouver une recette d’arme puissante mais un ingrédient vous manque pour la façonner ? Pas de souci si vous disposez des deniers nécessaires, puisqu’on vous proposera d’acheter l’élément manquant. Le Menu demeure plutôt classique et tristoune avec une navigation par onglet, qui fait le job mais se révèle être sans grande inspiration.
Enfin n’oublions pas le mode photo, assez complet, qui permet de repositionner ses personnages, de leur faire regarder l’objectif afin de bien saisir leur expression et de leur attribuer quelques gestuelles histoire d’immortaliser les sublimes paysages qui s’offrent à nous.
Un coté technique qui sent le compromis
Comme souvent sur Switch et les jeux multi-supports, il faut faire des compromis. Ici Square Enix a opté pour un jeu fluide en toute occasion et cela passe par un rendu moins impressionnant que sur la console de Sony. En mode dock, on note un peu de flou et de l’aliasing, chose moins importante en mode portable, en particulier sur la Switch Lite. De même certains éléments poppent tout au long de votre périple. On note néanmoins quelques jolis effets, comme celui de l’eau, particulièrement délicieux. Au final, malgré quelques légers « défauts », l’histoire, la direction artistique et les nombreux ajouts contribuent à faire qu’on n’en tient pas vraiment rigueur au titre et que cette version s’impose comme étant effectivement la plus aboutie.
Comme vous avez pu vous en rendre compte, en tant que néophyte de la série, je dois avouer que j’ai pris beaucoup de plaisir sur le jeu. N’ayant plus le temps nécessaire pour m’attarder sur tous les RPG disponibles, je dois avouer que ce dernier a accompagné mes soirées avec délice. Principalement grâce à toutes ces petites choses mises en place pour gommer le côté rébarbatif/chronophage que peuvent présenter les RPGs traditionnels. On sent que cette version a bénéficié du retour des joueurs pour proposer une aventure dans laquelle on puisse rentrer immédiatement, sans sacrifier pour autant l’essence même du jeu. En proposant un jeu à la carte, un jeu qui s’adapte au joueur et non l’inverse, Square Enix nous offre ici un titre qui devrait satisfaire de nombreux profils de joueurs et je ne saurai que trop vous conseiller de vous y intéresser.
Support: Switch Développeur: Square Enix – testé sur Switch à partir d’un code fourni par l’éditeur, merci à lui