Aujourd’hui intéressons nous à Balan Wonderworld, le nouveau titre imaginé par les créateurs de Sonic the Hedgehog ( Yuji Naka et Naoto Oshima ), qui a subi une belle vague de critiques lors de la sortie de la démo voire des tests de sites spécialisés. Justifiées ou non, attente d’un triple A qui n’en a jamais été un, toujours est-il qu’avant d’avoir un avis définitif sur un titre, il est toujours préférable d’y avoir joué par soi-même. Et après avoir fini le jeu dans sa trame principale, j’avoue avoir passé un très bon moment en sa compagnie.
Un monde poétique
Conviés au sein du Wonderworld par Balan, l’énigmatique maître de cérémonie, Léo et Emma vont devoir arpenter un monde merveilleux afin de rétablir la joie et l’équilibre dans les cœurs et les esprits de tous ceux qu’ils rencontreront. Tout se déroule à partir d’un hub central, l’île des Tims, à partir de laquelle vous pourrez accéder aux douze niveaux qui composent le jeu. Chaque niveau, divisé en 2 parties plus un affrontement de boss, est situé dans un univers bien défini parmi les classiques feu/forêt/glace/eau mais aussi un peu plus original comme celui de la peinture pour ne citer que lui.
S’il n’y a pas de scénario global à proprement parlé, chaque niveau est l’objet d’une tranche de vie qui aborde certains maux de notre société: nos propres doutes, nos peurs, notre solitude ou encore notre impuissance. Maux qu’il va falloir surmonter suivant 3 actes: la chute, la prise de conscience et le renouveau. L’occasion ici de souligner la qualité des cinématiques du jeu, réalisées par Visual Works, avec une direction artistique charmante et touchante qui parviennent à délivrer le propos en quelques secondes, sans texte ni paroles.
L’un des premiers reproches que l’on pourrait émettre à l’encontre du titre serait son manque d’indication. Si le thème abordé est parfaitement compréhensible par le biais des cinématiques évoquées plus haut, on arpente les niveaux sous les traits de Léo ou Emma (ou en coop, non testée ici) en dénichant différents items dont on ne comprend pas immédiatement l’utilité. Les choses se mettent en place petit à petit pour se rendre compte que les différents cristaux de couleurs vont servir de nourriture aux Tims (j’y reviendrai plus tard) ou que les chapeaux dorés permettent de participer à un Quick Time Event dont le but est d’augmenter le nombre de nos cristaux mais surtout d’obtenir une statue de Balan. D’ailleurs à quoi peuvent bien servir ces statues que l’on découvre au sein des niveaux? Ces dernières sont en fait votre sésame pour ouvrir de nouveaux mondes, ceux-ci se débloquant en fonction du nombre de statues collectées. Et ces clés trouvées au détour de votre découverte du niveau? Elle servent à obtenir des costumes, le cœur même du gameplay.
Des costumes en veux-tu, en voilà
Les costumes ont en effet une place primordiale dans le titre car ces derniers vous octroient des capacités bien utiles pour dénicher les statues de Balan. Et c’est à cette occasion que je voudrais redéfinir Balan Wonderworld. Dans un premier temps, on aurait tendance à classer le titre dans la catégorie plateforme mais il est important ici d’y apporter une nuance. Nous n’avons pas affaire ici à un titre de plateforme nerveux, qui exigera de vous d’enchainer les sauts à une fréquence frénétique. Les ennemis sont anecdotiques et ne vous opposeront quasiment aucune résistance. Le gameplay est limité à un seul bouton, assigné au saut ou à la capacité de votre costume. L’aspect plateforme est pour moi secondaire et c’est réellement l’exploration qui donne tout son sens au titre. Un point que la démo n’a pas suffisamment mis en avant et que l’on finit par réellement appréhender lorsque le level design se veut plus vertical et que les statues se font plus difficiles à débusquer.
Il est important ici de prendre son temps. D’observer. Car si les premiers niveaux, plus didactiques qu’autre chose, se traversent rapidement; on se rend vite compte lorsqu’on doit accumuler les statues nécessaires à l’ouverture des niveaux, que c’est la réflexion et l’observation qui sont alors de mises. Où peut bien se trouver cette statue? Comment l’attendre alors que mon costume ne le permet pas? Le costume de l’araignée ne me permettrait-il pas de rejoindre une zone auparavant inaccessible dans le niveau précédent? Car vous l’aurez compris, passé un certain stade, il vous sera nécessaire de revenir dans les niveaux précédents, accompagné d’un nouveau costume et donc d’une nouvelle capacité. C’est là la force du titre, savoir analyser ce qui nous entoure et y apporter les solutions adéquates.
Le titre propose 80 costumes. C’est trop. D’autant plus que certaines capacités sont similaires voire identiques d’un costume à l’autre. Cela peut rendre la sélection confuse alors qu’on s’en sortirait tout aussi bien avec une vingtaine de costumes seulement. Et puisque nous sommes au rayon des reproches, nous pouvons ici en formuler quelques uns. Car oui le titre est perfectible. Si les cinématiques sont de qualité, les graphismes nous ramènent une vingtaine d’années en arrière. Pour être tout à fait franc, cela ne m’a particulièrement gêné. Oui, certaines textures sont grossières, oui le titre semble un peu vide par endroit. Oui le titre fait parfois penser à un titre Dreamcast.
Loin de tirer parti des consoles actuelles, le titre est néanmoins agréable à l’œil avec son aspect coloré. Il s’en dégage également une certaine poésie, comme si tout cela était issu de l’imagination d’un enfant. Mais le principal est que j’ai pris du plaisir sur le titre et si je me réfère à la définition première d’un jeu, Balan Wonderworld respecte son contrat. Sa réalisation est clairement datée mais on finit par en faire abstraction au détour d’un level design intéressant ou tout simplement pris dans le jeu de la recherche. Il sera donc important pour vous de juger si la réalisation technique l’emporte sur le contenu. Prenez vous du plaisir sur un titre néo-retro sur les plateformes actuelles? Alors considérez Balan Wonderworld comme l’un de ces titres.
En toute franchise, pour avoir testé la démo sur Switch et rédigé cet avis sur Xbox Serie X, je ne peux que vous conseiller de vous tourner vers une solution new gen si vous le pouvez. Car au delà de la direction artistique à laquelle on adhère ou pas, c’est plus du coté de l’optimisation qu’il faut se pencher. Sur Serie X, j’ai noté quelques passages avec chute de framerate mais de façon générale le titre est stable et net, il est donc bien plus agréable dans ces conditions. A noter que je n’ai pas vu la version switch tourner après application du patch day one, mais il est fort probable qu’elle demeure en retrait. On pourra toujours pester sur une caméra automatique souvent mise en défaut, mais personnellement avec tous les titres en 3D, j’ai pour habitude depuis plusieurs années de la manipuler manuellement. Cela m’affecte donc moins mais c’est un élément à prendre en considération.
Revenons un peu sur ce hub central, l’ile des Tims et plus particulièrement ses habitants. Les Tims sont de petites créatures toutes choupinou qui pourront vous accompagner dans les niveaux. Suivant leur couleur, ces derniers pourront combattre avec vous ou encore dénicher quelques items à votre place. Mais à quoi peut bien servir l’île des Tims? Cela reste encore un mystère. Les cristaux récupérés en cours de jeu permettent de nourrir les bestioles et de les faire grossir, leur activité sur l’horloge centrale alimente un compteur qui débloque de nouvelles attractions (trampoline par exemple) mais pour quelle finalité? Y’en a t-il vraiment une? Ce point aurait mérité plus d’éclaircissements.
Un mot sur les musiques de Ryo Yamazaki qui sont vraiment de qualité. Elles confèrent au titre une ambiance music hall/comédie musicale en certaines occasions qui soulignent parfaitement les cinématiques de transition. Les thèmes des différents niveaux sont dans l’ensemble eux aussi extrêmement réussis et vous accompagnent agréablement dans l’aventure.
A la lecture de ce test, vous l’aurez compris, j’ai été conquis par Balan Wonderorld. Je ne saurais que trop vous conseiller de vous faire votre propre opinion. Bien sûr le titre n’est pas parfait, mais il se découvre sur la durée et c’est avec une certaine nostalgie que j’ai quitté cet univers enchanteur qui offre plus de challenge qu’il n’y parait au premier abord. Même une fois le générique de fin achevé…
En conclusion | ||
Balan Wonderworld n'est pas un AAA. Il ne l'a jamais été, ne le sera jamais. Il n'est néanmoins pas dénué d'intérêt pour celui qui saura passer outre sa réalisation datée et s'intéresser à ce qu'il a à proposer de façon intrinsèque. Un jeu surtout motivé par l'exploration plutôt que par la plateforme, qui aborde des thème sérieux sous son apparente légèreté. Catalogué avant que l'on ait cherché à le connaître réellement, Balan Wonderworld pourrait de façon ironique faire l'objet d'un de ses propres niveaux. Si à l'instar de Leo ou Emma, vous arriviez néanmoins à lui offrir sa chance, il se pourrait que l'issue de l'affrontement avec le boss de fin laisse place à une certaine nostalgie au moment de quitter le jeu. Comme si le titre avait réussi à vous toucher, malgré votre indifférence initiale... |
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J'aime: | - Un coté exploration poussé pour dénicher les statues - Des thèmes sérieux évoqués de façon accessible à tous - Cinématiques de qualité - Le titre possède un certain charme mais sa réalisation technique datée sera un frein pour certains - Les musiques |
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Je n'aime pas: | - Des costumes en trop grand nombre, - Une caméra capricieuse - A privilégier sur plate formes récentes - Le bashing dont il a fait preuve |