Le dernier titre du studio responsable de Muramasa, Odin Sphere et Dragon’s Crown est enfin là. 13: Sentinels: Aegis Rim aura pris son temps mais va nous délivrer une aventure passionnante à travers le temps et l’espace par le biais de treize histoires entrelacées.
Un titre expérimental
Pour 13: Sentinels: Aegis Rim, Vanillaware sort un peu de sa zone de confort en proposant un titre hybride mêlant visual novel « dynamique » et phases de stratégie que l’on pourrait assimiler en quelque sorte à un tower defense. Par dynamique comprendre ici que nous ne sommes pas face à des écrans fixes relégué au rang de support de textes à rallonge mais plutôt dans des écrans de toute beauté où vous aurez la possibilité de vous déplacer et d’interagir entre les personnages et certains éléments du décor. Un visual-point’n click me direz vous? Oui je répondrai.
Vanillaware nous a toujours habitués à des graphisme somptueux et à une direction artistique 2D qui frise l’extase et leur dernière production n’échappe pas à la règle. Chaque écran est un régal pour les yeux, retranscrit à merveille les différentes époques traversées (1945, 1985 et 2025) et les teintes sépia/pastels se conjuguent pour offrir de véritables œuvres d’art à chaque instant.
L’ambiance sonore est au diapason avec des compositions réussies qui savent se faire discrètes lors des phases narratives et plus chaleureuses lors des phases tactiques. Le titre propose les doublages anglais et japonais et soulignons le, une traduction française de qualité malgré une tendance un peu trop prononcée vers la kun-nification. Je comprends la volonté de coller au matériau de base mais l’utilisation assez redondante des kun, chan, san semble parfois un peu hors de propos transposée dans la langue de Molière. Mais ne boudons pas notre plaisir, le fait de voir ce titre traduit dans notre langue (et d’autres langues européennes) est incontestablement un bon gros marshmallow qui se dévore au coin du feu.
Une histoire captivante
Toujours difficile de décrire un scénario lorsque ce dernier est l’essence même du titre. Entre volonté de donner envie et volonté de conserver la surprise, la tâche est parfois ardue. Au risque de demeurer trop succinct, je me contenterai de vous dévoiler que vous incarnerez tour à tour 13 personnages destinés à devenir pilotes de Sentinelles, des mechas devant lutter lors d’une invasion d’envahisseurs future. L’histoire va se complexifier alors que le récit s’étalera sur plusieurs époques. Le fait que les personnages naviguent parmi elles par le biais de portail temporels ne manquera d’ailleurs pas d’apporter son lot de situations cocasses. Plutôt amusant d’être le spectateur du choc des générations s’instaurant lorsqu’un personnage du passé sera confronté à des mœurs contemporaines par exemple. Comment ces jeunes femmes et hommes ont-ils été amenés à devenir pilotes? Quel sont les origines de ce conflit futur? Autant de question qui devront trouver réponse.
Si l’histoire n’est pas des plus originales, elle ne s’en laisse pas pour autant suivre avec passion. C’est plutôt du coté de sa construction qu’il faudra ici se féliciter de ce que propose 13: Sentinels: Aegis Rim. Le fait de proposer une histoire morcelée, avec l’impression de créer son histoire à la carte est vraiment très grisant. Notre imaginaire est sans cesse sollicité pour combler les parts d’intrigue non encore révélées voire mis à mal par les nombreux retournements de situation.
Histoire à la carte? Pas vraiment, puisque si la liberté existe dans le fait de privilégier telle ou telle histoire, le titre a une histoire à raconter et il doit en rester maitre. Vous serez donc confronté, à un moment ou à un autre, au fait de devoir faire avancer la trame principale d’une autre sentinelle voire participer à des combats pour débloquer l’accès au reste de l’histoire de votre personnage préféré. Un mal pour un bien afin de conserver une certaine cohérence à l’ensemble. On apprécie néanmoins le fait de privilégier l’aspect combat, narratif ou un mix des deux ce qui renforce notre implication dans l’histoire.
Une histoire complexe pour laquelle on apprécié la présence d’un codex extrêmement utile et bien pensé qui référencie les différents personnages, lieux et objets en se mettant à jour lors de votre progression. Les archives permettent également de revoir une scène précise afin de replacer les choses dans leur contexte.
Je mentionnais un visual point’n click au début de ce texte. Votre personnage pourra en effet se déplacer librement au sein des différents tableaux pour interagir avec les personnages et/ou objets clés. Le système de jeu se base également sur un système de mots clés mis en avant à l’issue des conversions. Ces mots clés seront l’occasion d’entrer dans une phase de réflexion qui apportera des pistes supplémentaires à l’intrigue sous forme de souvenir voir la possibilité d’interagir de manière supplémentaire avec vos interlocuteurs.
Avant de refermer le chapitre narratif, comment passer sous silence les nombreuses références cinématographiques distillées au cours du jeu? D’E.T. à la Guerre des mondes en passant par Total Recall, le titre n’est pas avare en clin d’œil parfaitement intégrés que l’on prend plaisir à découvrir au fur et à mesure de notre progression. Un facteur attachement supplémentaire pour un titre qui n’en manquait déjà pas.
Des combats déstabilisants
Changement de décor pour les combats, puisque la direction artistique si léchée laisse place, soyons honnête, à quelque chose qui frise en première lecture le brouillon. Les cartes minimalistes, parfois difficilement lisibles nécessiteront un petit temps d’adaptation. D’aspect simpliste initialement, la partie stratégique en semi temps réel (le jeu vous laisse le temps de choisir votre action) se révélera en réalité assez intéressante une fois le potentiel de chaque type de sentinelles (corps à corps/distance/volante) correctement assimilés. J’évoquais le terme de tower defense initialement puisque qu’en réalité les missions se dérouleront toujours sur le même schéma. Votre équipe devra empêcher les ennemis (ou leurs tirs) d’atteindre un terminal dont l’activation, votre but, aura pour effet d’annihiler les ennemis alentour.
Chaque sentinelle possède ses propres forces/faiblesses et peut se voir attribuer 6 techniques offensives ou défensives à sélectionner. Bien sûr, ces techniques ont un coût représenté par une jauge qu’il faudra recharger une fois vidée. Sur la même idée, en cas de santé basse, votre sentinelle devra s’éloigner momentanément du combat pour se réparer. Un aspect tactique bien plus présent au final que ne le suggère les combats-tutoriel même si une fois la bonne configuration trouvée, les combats ne devraient pas trop vous poser de problèmes. Tout juste pourrait-on regretter des menus un peu complexes, nécessitant un certain temps de jeu avant de bien les maitriser.
13: Sentinels: Aegis Rim est une expérience qui doit se vivre plutôt que se raconter. Sachez cependant que Vanillaware délivre ici un titre d’exception, incroyablement prenant dont la trame scénaristique se savoure avec la même douceur qu’un chocolat chaud au coin du feu. Que demander de plus?
En conclusion | ||
13 Sentinels Aegis Rim est une proposition très intéressante et réussie de Vanillaware, qui sort de sa zone de confort pour nous proposer un titre unique. Si le studio nous avait déjà habitué à une direction artistique enchanteresse, il demeure toujours sur ce niveau d'excellence tout en proposant une approche dans la narration réfléchie et addictive. Un titre proposé de plus avec sous titres français et on ne peut que saluer cette initiative pour profiter totalement de cette histoire riche. Un titre qu'il est important de soutenir pour que ce genre d'initiatives soit répété mais avant tout pour son plaisir personnel. |
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J'aime: | - Une histoire captivante - Une direction artistique envoutante - Des références cinématographiques habillement distillées - Un sentiment de liberté présent même si contrôlé |
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Je n'aime pas: | - La D.A des combats pour surprendre - Certains n'y joueront pas |