L’art comme témoin

Japan'Art

La guerre sino-japonaise de 1894-95, qui opposa l’empire de Chine (dynastie Qing) et l’empire du Japon fût l’une des premières guerres modernes du Japon et leur première action militaire sur mer depuis 300 ans. Cette guerre initiée pour le contrôle de la Corée aboutira à une défaite cuisante de la Chine et à la signature du traité de paix de Shimonoseki. L’un des résultats notables de ce conflit fut le développement et la brusque popularité des senso-e (ou images de guerre), un genre d’ukiyo-e qui résulte d’une mutation du musha-e (peintures de guerriers). Ce développement des senso-e débuta dans les années 1870 avec le besoin de documenter les conflits modernes qui frappaient le Japon suite à la révolution Meiji.

Kobayashi Kiyochika. Scènes de batailles navales de la guerre sino-japonaise de 1894-1895.
Estampe. 1895. 82, 5 x 47 cm. Musée maritime d’Hong-Kong.

 

De nombreux artistes produisirent des images sur la guerre sino-japonaise (il a été estimé que 3000 estampes furent imprimées en 10 mois), parmi lesquels Kiyochika (1847-1915), reconnu pour son style énergique et sa capacité à élaborer des œuvres très artistiques malgré une hâte de la composition. En effet Kiyochika aurait produit 70 triptyques durant les brefs dix mois de la guerre sino-japonaise. Dans cette œuvre remarquable, Kiyochika parvient avec talent à allier deux sentiments extrêmes : l’atroce (les combats maritimes qui font rage en haut de la composition) et le lyrique (le navire qui s’enfonce dans la profondeur des flots). Avez-vous par ailleurs remarqué la baleine, seul témoin de cette scène navale dans le coin inférieur gauche ?

-Article rédigé par Tony-