Une suite pas tout à fait dans la continuité
L’histoire d’Aragami premier du nom était simplette mais se laissait suivre avec plaisir. Dans Aragami 2, les développeurs ont pris le parti de découper le jeu en missions que vous sélectionnerez à partir d’un hub central. Ce hub c’est le village de Kakurega dirigé par Kurotsuba. Après avoir été assassiné vous vous réveillez donc au sein de ce village frappé par une malédiction donnant l’immortalité aux villageois au détriment de leur faculté à ressentir des émotions. Leurs visages ont même disparu, les obligeant à porter des masques pour exprimer une once de personnalité. Pour les aider, vous serez donc amenés à remplir ces fameuses missions qui vous fera parcourir une dizaine d’environnements.
Le jeu est plutôt chiche en cinématique et l’intrigue vous sera délivrée sous forme de textes ou de scénettes pas forcément très immersives. Le problème avec les missions, c’est que l’histoire se retrouve plus ou moins diluée, et comme elle n’est pas des plus captivantes, on finit par ne plus vraiment y prêter attention.
A noter que Kakurega vous permettra de dépenser l’or et l’expérience gagnés en mission pour améliorer votre assassin via l’arbre de compétences (utiliser un sifflement pour attirer un ennemi, être invisible etc…) ou acheter des objets (potion, fumigènes…)
Et la furtivité dans tout ca?
Le gameplay est solide, à n’en point douter. Il est d’ailleurs très proche du premier épisode. On retrouve les herbes hautes dans lesquelles se cacher, les corps des ennemis à cacher sous peine que l’alarme soit donnée en cas de découverte par un autre ennemi et la furtivité nécessaire pour bien progresser dans les missions. D’ailleurs il est plutôt déconseillé d’affronter les ennemis en face à face puisque les coups de ces derniers font mal, très mal.
Le bond des ombres est de retour dans une version remaniée, qui renie quelque peu son nom. Dans le premier épisode ce déplacement permettait de vous mouvoir rapidement d’une zone d’ombre à une autre, ici ce mouvement vous permet de vous transporter sur un élément en altitude (corniche, toit, plateforme) de manière furtive si vous en êtes suffisamment proche, exit l’aspect limité de cette possibilité puisque le level design, plutôt aérien, vous procurera très souvent des points d’ancrage. Vous disposez également d’un double saut et d’un dash qui, comme le bond des ombres, consomme une partie de votre barre de stamina. Cependant celle-ci se régénère peut être un peu trop rapidement; votre assassin est donc capable de se mouvoir très (trop) rapidement sur la carte au détriment de la furtivité. Et ce n’est pas l’IA des ennemis qui va venir vous mettre des bâtons dans les roues puisque ces derniers ne sont pas très fins (un point sur lequel j’espérais plus de ce second épisode). Leur champ de vision est assez limité et s’ils demeurent sensibles à la présence d’un corps, d’autres indices, comme la présence de sang, les laissent de marbre. Avec peu d’objectifs différents et des ennemis peu variés, les missions finissent par toute se ressembler. En hachant sa trame scénaristique, Aragami 2 finit par laisser l’ennui s’installer progressivement.
D’un point de vue plus personnel, je regrette l’abandon du cell shading du premier épisode qui avait pour moi plus de caractère que le rendu de ce second épisode. Nous sommes toujours face à un jeu au budget modeste mais même si celui-ci fait l’effort de mieux s’ancrer dans une inspiration japonisante, les graphismes loin des standards d’aujourd’hui, ne peuvent plus compter sur le coté animé qu’apportait le cell shading. Attention le jeu n’est pas moche mais je le trouve paradoxalement moins plaisant, plus générique.
Le premier Aragami proposait pour moi une fonctionnalité géniale, celle d’intégrer la barre de vie à la cape de notre héros. Conséquence, un hud inexistant et une proximité avec son personnage pour suivre l’évolution des motifs de la cape et ainsi évaluer la santé de son héros. Ici cette excellente idée a été abandonnée pour des jauges classiques, dommage.
A noter que le titre propose de la coopération en ligne jusqu’à 3 joueurs, ce qui explique un level design plus chiadé que dans le premier épisode mais je n’ai pu tester cette fonctionnalité.
Vous l’aurez compris, j’ai plutôt été déçu par cette suite. En voulant proposer un titre plus dynamique, les développeurs ont pour moi galvaudé l’esprit du bond des ombres, qui n’a pour le coup, plus de lien réel avec les ombres. En optant pour des missions à partir d’un hub central, l’histoire passe en second plan. Et le Hud classique, m’a fait sentir moins proche de mon personnage. C’est un peu comme si les bonnes idées du premier épisode avaient été sacrifiées au titre de la nouveauté. A coté de cela, l’IA des ennemis n’a pas vraiment progressée alors que c’était un aspect qui méritait un peu plus de soin. Aragami 2 n’est pas un mauvais titre pour autant, le sentiment de liberté et de furtivité est certainement plus présent qu’avant, mais il n’a pas sur combler les attentes que son prédécesseur avait suscitées en moi.
En conclusion | ||
L'art de la suite est difficile. Aragami premier du nom, malgré ses faibles moyens, avait su capter mon attention par le biais d'une utilisation intelligente du cell shading et quelques bonnes idées dispersées çà et là. En faisant place nette, Aragami 2 propose un titre nerveux, empli de liberté mais qui perd un peu de son identité au final. Plus jouissif sur le court terme, moins marquant sur le long terme, Aragami 2 restera pour moi dans l'ombre de son grand frère, ironique quand on y pense. | ||
J'aime: | - Un titre dynamique - Un sentiment de liberté - La customisation de son personnage |
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Je n'aime pas: | - Le charme du celle shading du premier fait place à une direction artistique générique - Un hud en place de la jauge de vie intégrée à la cape, dommage - L'histoire en retrait - L'IA perfectible - Vite répétitif |