Judgment est le petit nouveau du studio Ryu ga Gotoku responsable de la série Yakuza. Spin off de la série, il met en scène Takayuki Yagami, ancien avocat de génie ayant fait acquitter son client Shinpei Okubo. Malheureusement pour Takayuki, Shinpei était bien le monstre attendu et dès sa libération ce dernier assassine sa petite amie. Takayuki quitte alors son poste d’avocat pour devenir détective privé dans le quartier de Kamurocho, qui servira de terrain de jeu pour cette nouvelle aventure. Accompagné de Kaito, un ancien yakuza, Takayuki va devoir mener l’enquête pour élucider une affaire de meurtre de yakuza par un tueur en série.
En terrain connu
Les amateurs de Yakuza ne seront pas dépaysés. Ca à la couleur de Yakuza, l’odeur de Yakuza mais ce n’est pas tout à fait un Yakuza et d’un certain côté, j’ai peut être été plus emballé par l’aventure de Takayuki que celle de Kazuma Kiryu. Quoi, comment? C’est ce que je vais essayer de vous faire découvrir.
Ne nous méprenons pas, le titre emprunte énormément à son grand frère. Tout d’abord le titre reprend le monde « semi-ouvert » de Yakuza, le quartier de Kamurocho inspiré par le quartier réel de Kabukichō, un quartier chaud de Tokyo. On retrouve ici l’opulence du quartier, ses lumières, ses boutiques, son animation, la vie des différents PNJ (personnages non joueurs). Et bien sûr, pour ceux ayant déjà joué à un épisode de Yakuza, vous retrouverez des éléments qui réveilleront instantanément de bons souvenirs. Je parie ma piécette que les nouveaux joueurs, tout comme les anciens, passeront de nombreuses heures dans les salles d’arcade pour s’essayer aux nombreux titres disponibles: Puyo Puyo, Virtua Fighter 5, Space Harrier, une parodie d’House of the dead baptisée Kamuro of the Dead pour ne citer qu’eux. Le jeu est extrêmement riche et vous proposera également de remporter des peluches Super Monkey Ball aux pinces ou encore de vous adonner aux fléchettes. Vous allez perdre de nombreuses heures à errer çà et là au gré de vos envies pour finalement vous rendre compte que ce n’est pas ce soir que vous avancerez dans l’intrigue.
De part sa construction en chapitres (13 au total), le titre fait un peu penser à un drama, on y retrouve d’ailleurs une panoplie de protagonistes possédant tous leur propre identité, plus ou moins caricaturale. A l’instar des Yakuza, les acteurs ont tendance à surjouer parfois à outrance. Mais c’est aussi ce qui fait le charme de la série, avec des personnages tranchés et affirmés. Les visages sont magnifiquement modélisés même si ils peuvent sembler quelques peu raides dans leur animation. Le nouveau héros fait admirablement bien le job, succéder à Kiryu n’était pas tâche aisée mais il s’en sort avec les honneurs. J’ai préféré le doublage japonais, plus authentique bien évidement, même si le doublage US est de qualité. A noter que le jeu propose des sous titres en français, ce qui est indéniablement un plus pour permettre à chacun de vivre pleinement l’aventure.
Fort de sa propre identité
Si le titre emprunte beaucoup à son aîné sur la forme, Sega a ajouté un certain nombre de phases de gameplay qui viennent enrichir le jeu, que ce soit dans la trame principale ou dans les nombreuses quêtes annexes. Là où Kiryu (Yakuza) faisait le plus souvent usage de sa force pour récupérer des informations, notre héros va, quant à lui, la jouer un peu plus finement. Phases de filature où vous devrez prendre soin de ne pas vous faire repérer par votre suspect (sous peine de recommencer depuis le début), usage de drone pour repérer les lieux, de déguisement, interrogatoire qui vous demanderont de poser vos questions dans le bon ordre pour glaner quelques points d’expérience, de présenter des preuves appropriées… Le jeu est riche de petits éléments de gameplay qui m’ont réellement permis de m’intégrer à l’aventure et d’incarner mon personnage. Attention cependant, ces phases demeurent simples et pourraient au contraire lasser les joueurs en quête d’action, plus orienté Yakuza donc. C’est un parti pris et peut être pour moi l’élément qui distingue le plus Judgment de son aîné.
Takayuki n’est pas Kiryu et cela se ressent aussi dans les phases de combat. Toujours présentes, celles ci se jouent quelques peu différemment et cela est dû principalement au style de combat de notre héros. Exit ici Kiryu, la force de la nature, pour laisser place à un style plus fluide, plus aérien. Takayuki peut alterner entre deux styles, l’un dédié au combat en un contre un (Tigre) l’autre au combat de groupe (Grue). Chacun des styles permettra à Takayuki de virevolter autour de ses adversaires, s’appuyer sur les murs…Le système est plus riche, avec plus de possibilités, plus chorégraphié et je les ai trouvés plus prenants que chez son aîné. Mention spéciale aux nouvelles Heat Actions, les finish de fin de combat, qui sont extrêmement jouissives. Bien sûr, on regrettera une IA quelque peu attentiste; il est en effet rare d’être submergé par les voyous, ni même réellement inquiété pour sa santé mis à part contre quelques « bosses ». On pourra également dire que le titre met un peu de temps à réellement démarrer, mais une fois au cœur de l’intrigue, ce dernier s’avère passionnant de bout en bout.
Une franche réussite
Je dois l’avouer j’attendais Judgment avec une certaine curiosité. Proposer un spin off de Yakuza était plutôt dangereux tant l’empreinte du titre est forte. Savoir s’en démarquer sans toutefois renier la série semblait difficile mais le titre, pour moi, remporte parfaitement le challenge voire le sublime. Je me suis senti plus impliqué dans cet épisode que je n’avais pu l’être dans les Yakuza, où je suivais l’aventure de Kiryu. Grâce au petit ajouts de gameplay, j’avais ici l’impression d’accompagner Takayuki. Une subtile mais néanmoins importante différence, pour celui qui aurait pu se lasser des Yakuza. Si Judgment emprunte beaucoup à la série, il n’est pas qu’un skin que l’on aurait appliqué pour accoucher d’une redite sans saveur. Il s’agit d’un épisode à part entière, une grande réussite.
Support: PS4 Développeur: Ryu ga Gotoku Studio – testé sur PS4 à partir d’un code fourni par l’éditeur, merci à lui